Camille Cirgue se tourne vers de nouveaux horizons !

13 octobre 2023
Camille Cirgue Retraite
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A  la fin de saison 2023, Camille Cirgue, qui évoluait jusqu’alors dans le club de LF2 de la Tronche-Meylan (BCTM), a annoncé mettre un terme à sa carrière à l’âge de 26 ans.

Pour cette occasion, elle a accepté de nous accorder un peu de temps pour nous expliquer son choix et nous parler de ses futurs projets.

 

Salut Camille !

Comment vas-tu ? Tu as annoncé prendre ta carrière sportive en fin de saison dernière alors que tu aurais pu jouer encore quelques années, c’est une décision que tu avais déjà prise en amont ?

Salut Arthur !

Tout à fait, j’avais pris ma décision dès le début de la saison et l’avais annoncé à mon président. Ça faisait quelques temps que ça me trottait dans la tête.

L’équilibre entre le plaisir et la contrainte penchait plus d’un côté que de l’autre et cela rendait la recherche de motivation pour les entrainements et les déplacements de plus en plus compliquée. L’envie de me réaliser autrement que comme une joueuse de basket était aussi très présente ce qui a facilité ma décision.

Pour en revenir à ta première question, je me sens bien (rires).  Je ne culpabilise pas trop de ne pas avoir à courir, aller à la musculation ou tout simplement aller m’entrainer. Je vais être honnête, ça fait un bien fou d’être au repos.

 

Ça a été une saison différente pour toi ? Dans ton rapport à l’équipe, à ta manière de jouer ?

Il y a certains moments dans l’année où je me suis rendue compte que c’était la dernière fois que je faisais tout ça. Certaines de mes coéquipières étaient dans la confidence. C’était donc agréable de pouvoir partager ça avec elles. Je crois que ça m’a permis de prendre cette situation avec un peu de légèreté, de profiter et de m’amuser à fond.

C’était encore plus fort que les autres saisons. Les derniers matchs avaient aussi une saveur bien particulière, comme le dernier match à la Tronche ou encore à Reims où ma famille avait fait le déplacement alors qu’ils habitent vers Toulouse… C’était assez fou !

Ce sont des derniers moments chargés en émotion mais je pense que le fait d’être en accord avec ma décision m’a permis d’être sereine.

 

Est-ce que la préparation de ton après-carrière t’a aidé ?

Tu travaillais déjà en parallèle de ta carrière sportive. Tu peux nous en dire un peu plus ?

Alors à ma sortie de l’Insep, j’étais un peu perdue sur ce que j’avais envie de faire.

Je me suis donc orientée vers une prépa kiné. J’avais également postulé pour rentrer en médecine avec mon statut de SHN mais sans être retenue.

Cela m’a permis de me poser pas mal de questions et aussi de commencer un bilan de compétences.

Ce qui en est principalement ressorti, c’était mon appétence pour le domaine du social, ce que je ne connaissais pas du tout personnellement.

J’ai donc décidé de faire confiance à ce bilan et de me lancer dans une formation de trois ans pour devenir assistante sociale.

J’ai articulé ma carrière de basketteuse autour des clubs qui me permettaient de mener ma formation en même temps que ma carrière sportive, ce que j’ai pu faire pendant 3 ans.

Par la suite, une des professeures que j’avais à Grenoble m’a embauché. Au départ c’était seulement pour des remplacements et au final ça s’est prolongé.

 

Et cela fait combien d’année que tu travailles en tant qu’assistante sociale ?

Bientôt 5 ans !

 

J’imagine que tu dois te sentir en confiance sur ton poste maintenant. Et c’est quelque chose que tu souhaiterais continuer ?

Définitivement ! C’est un métier dans lequel on partage beaucoup avec le sport, le partage, la solidarité, prendre soin des autres.

Je continue donc de manière plus soutenue puisque jusqu’à présent je travaillais à temps partiel et aujourd’hui, je vais passer sur un temps plein.

 

Comment as-tu géré cette organisation de carrière ? Est-ce que cela a été tout de suite accepté par ton club et tes coéquipières ? Ont-ils émis des doutes ?

Honnêtement, cela a été très simple. J’ai eu la chance d’avoir une responsable qui me libérait plus tôt lorsque j’avais besoin de m’entrainer ou qui s’arrangeait pour me laisser des jours quand c’était nécessaire.

Je n’ai jamais raté quelque chose au basket à cause de mon travail. Alors il y a eu certains retards (rires) parce qu’il y a toujours des imprévus mais tout s’est toujours bien passé.

Le club a aussi été très facilitateur puisque je ne m’entrainais jamais les matins, j’avais cette flexibilité-là.

Le coach et le président ont d’ailleurs très vite compris que ce projet faisait partie intégrante de mon équilibre. Mes performances n’étaient pas moins bonnes si je m’entrainais moins.

Je suis consciente que ne faire que du basket a tendance à m’étouffer, d’être toujours avec les mêmes gens, toujours dans la même bulle, c’est très particulier.

Mon métier d’assistante sociale me permet de rencontrer de nouvelles personnes et surtout de me ramener les pieds sur terre car c’est très ancré dans la réalité.

Avoir un autre cercle social et d’autres objectifs m’a définitivement permis d’être performante dans ma pratique du basket, j’en suis persuadée.

 

C’est intéressant de pouvoir recueillir ce type de témoignage pour partager cette compatibilité entre la carrière sportive et la formation, voire l’exercice d’un nouveau métier.

Tu as donc assumé deux contrats de travail à mi-temps pendant ces cinq dernières années ?

C’est tout à fait ça, assistante sociale et basketteuse professionnelle.

 

Impressionnant ! Tu nous disais que ton métier t’avait aidé dans ta performance.

Est-ce que tu as senti que ta pratique du basket à haut niveau t’a aidé dans ta manière d’appréhender tes études mais aussi ton travail ?

C’est une certitude !

Aimer le challenge, être efficient ce sont des choses qui m’ont beaucoup apporté dans ma relation hiérarchique pour être capable d’effectuer les missions que l’on nous donne.

L’esprit d’équipe également, pouvoir s’entraider entre collègues, certes nous ne sommes pas une équipe de basket mais nous sommes une équipe de travailleurs sociaux et on doit tout autant s’entraider car ce n’est pas facile tous les jours !

La prise d’initiative, l’organisation, la rigueur sont autant de valeurs que j’ai également pu transposer de ma pratique sportive.

 

Et à l’inverse, est ce que notamment humainement, tout ce que tu fais en tant qu’assistante sociale a influé ta manière d’aborder ta carrière de basketteuse ? Dans ton rapport à tes coéquipières par exemple ou avec ton staff ?

Avec le staff et mes coéquipières certainement.

Tout d’abord, c’est un métier qui amène à de l’humilité. Tu te rends compte que certaines personnes sont dans des situations très compliquées, se demandant même comment elles vont manger chaque jour.

J’échange parfois avec mes coéquipières sur certains dossiers que j’accompagne et je pense que ça nous a permis de nous rendre compte à quel point nous sommes chanceuses de vivre de notre passion.

Ça a aussi permis à certaines de prendre un peu de hauteur pour se rendre compte qu’il n’y avait pas que le basket dans la vie.

 

Ce sont donc des choses que vous abordiez régulièrement entre vous ?

Complètement ! On a une coéquipière qui est ingénieure, une autre en école de médecine, nous échangeons tout le temps sur nos autres aspects pros.

J’ai même pu être soutien pour certaines qui avaient des problèmes administratifs. Je travaille dans la précarité financière donc j’ai pu être soutien au niveau de la CAF, des impôts ou autres.

C’était agréable de pouvoir échanger sur autres choses ! Mais je pense aussi que l’état d’esprit du club y est pour beaucoup.

 

C’est vrai qu’il est important de préciser que le club de La Tronche-Meylan est un club nouveau de LF2.

C’est certain, c’est un club avec moins d’historique et qui découvre la division. Il n’est pour l’instant pas structuré comme un club professionnel. Nous sommes nombreuses à faire nos études à côté.

Leur choix était de prendre des joueuses sans passer par de grands recrutements. C’est aussi dû au fait que le budget du club, même s’il s’améliore, n’est pas encore au niveau d’un club professionnel.

Donc, surtout au début, il a fallu trouver des solutions pour pouvoir vivre correctement.

 

Est-ce que justement tu remarques de grandes différences de structuration, d’approche sportive avec les autres clubs de LF2 et est-ce que c’est un sujet pour toi ?

Je pense que la différence se fait surtout sur la prise de recul notamment après une défaite.

Le lundi, il faut retourner en cours ou au travail ce qui rend les choses peut-être plus faciles à accepter.

Après, je suis consciente que toutes n’ont pas la capacité à mener ce genre de projet.

 

C’est très intéressant car, en LF2, malgré une équipe avec des profils atypiques alliant pour la plupart basket et travail/études, vous finissez 5e du championnat et jouez les play-offs.

L’année dernière, nous avons même été vice-championnes !

 

C’est vrai ! Ce qui prouve bien que mener un projet extra-basket n’est pas du tout nuisible à la recherche de performance collective.

Je le pense vraiment. Tout est une question d’organisation et de rythme. Alors c’est sûr que tu te lèves plus tôt, le lundi tu dois être au boulot, tu dois aussi faire plus attention à ton hygiène de vie.

Mais vraiment, c’est possible et je dois dire que c’est beaucoup plus facile d’arrêter sa carrière quand tu as un métier, un patron ou un diplôme pour assurer tes arrières.

 

D’où l’importance d’y penser le plus tôt possible.

Et de ton côté, tu as d’autres projets ? J’ai cru comprendre que tu allais quand même rester dans le club en tant qu’assistant coach ?

En fait, nous changeons de coach. C’est l’actuel assistant qui va prendre cette place.

Donc le club voulait que quelqu’un soit présent pour assurer le côté « joueuses » et l’idée le rassurait que ce soit moi car je connais déjà bien le club.

Pour moi, cela me permet de faire une transition en douceur. Certaines des filles sont aujourd’hui des amies et je ne voulais pas complètement couper que ce soit avec elle ou avec le basket.

C’était donc un bon compromis de passer du côté du staff.

Et puis, c’est aussi très challengeant. Quand tu fais du basket, tu t’inscris dans une sorte de routine et c’est excitant de se lancer dans un nouveau challenge comme celui-là.

C’est facile quand tu es joueuse de remettre en cause les choix du staff mais maintenant que c’est moi qui vais devoir les faire, ça risque de ne pas être aussi facile. (Rires)

J’ai vraiment hâte ! C’est hyper intéressant d’être de l’autre côté du miroir et de réfléchir aux formes de jeu et à comment tu veux que l’équipe évolue.

Pouvoir avoir la main là-dessus et choisir le jeu que tu vas essayer de faire produire à tes joueuses est vraiment intéressant.

Évidemment que cela vient avec une part d’inquiétudes, tu te demandes forcément si les joueuses vont adhérer à ton projet et si elles vont accepter les propositions que tu vas leur faire.

Mais c’est vraiment un beau challenge !

 

Et nous te souhaitons de tout cœur de le réussir avec brio !

C’est la fin de cette interview alors je propose une dernière question qui sera ta carte blanche. Tu souhaiterais aborder quelque chose ?

 C’est mon moment ? (rires)

Et bien je voudrais simplement dire que mener une double carrière c’est possible. Il suffit parfois d’être dans l’échange et de lever certaines barrières que ce soit côté clubs ou côté joueuses.

Il y vraiment des dispositifs qui existent pour nous permettre d’anticiper sa fin de carrière.

Nous parlons de plus en plus de la dépression post carrière sportive et je trouve ça vraiment dommageable de ne pas réussir à transposer tout ce qu’on a pu acquérir tout au long de notre carrière de basketteur dans une autre profession.

Donc aujourd’hui, j’ai envie de transmettre un message d’espoir en disant que c’est faisable, que tout est possible.

 

Je pense que c’est un message qui fera écho à beaucoup de joueuses et joueurs ! Et c’est grâce à des témoignages comme le tien que nous pourrons continuer de sensibiliser les joueurs sur ce sujet qui est primordial.

CONTACTS
UTILES

Julie Campassens

j.campassens@snbasket.com
06 60 86 12 23

Arthur Daroux

a.daroux@snbasket.com
06 59 17 98 26

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