/OVERTIME/ Clap de fin pour Romain Duport !

12 juillet 2023
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Romain Duport

Un « grand » joueur de notre championnat met fin à sa carrière… Il s’agit de Romain Duport.

Romain c’est 18 saisons professionnelles, dont 14 en première division, le tout en jouant pour 5 clubs différents.

Aujourd’hui, il revient avec nous sur sa carrière, sur son retour dans son club formateur, ses futurs projets mais aussi l’importance de se préparer mentalement pour pouvoir vivre au mieux sa carrière de joueur.

 

Salut Romain,

Ça a été encore une longue saison en NM1 cette année pour toi !

Celle-ci est particulière puisque c’est officiellement la dernière de ta carrière, je voulais donc savoir comment tu allais.

Salut Arthur ! Assez longue effectivement !

Mentalement tout va bien, je suis satisfait. J’ai fait tout ce que j’avais à faire donc j’ai été au plus loin que je pouvais donner, même au-delà.

J’étais limite content que ça s’arrête parce que physiquement je pouvais vraiment plus, je ne pouvais vraiment plus me donner comme avant.

Ça devenait trop dur pour moi et j’ai pris le fait d’arrêter comme un soulagement.

 

J’imagine aussi que le physique prend aussi le pas sur le tout reste à un moment donné…

J’ai quand même eu la chance de jouer jusqu’à aujourd’hui, avec bien sûr toutes les blessures que j’ai eues dans ma carrière, et c’est déjà bien ! Je suis quand-même content de pouvoir le dire.

Je comptais arrêter une saison plus tard mais je pense que je n’aurais pas pu la jouer donc à une année près, ce n’est pas dramatique.

 

Et puis 18 ans, c’est quand même une sacrée carrière ! Tu as pratiquement tout connu.

D’ailleurs, finir en NM1 au Havre, c’était quelque chose d’important pour toi ?

Je n’avais pas forcément prévu de finir en NM1. Mais comme tu l’as dit, j’ai eu la chance de pratiquement tout connaître à haut niveau et je suis conscient de la chance que j’ai eue.

Ce sont aussi les opportunités qui font une carrière !

L‘année où je vais à Strasbourg, je n’avais pas de club et j’ai eu l’opportunité d’y signer en tant que pigiste et d’y rester. Puis, tout s’est enchaîné, avec une succession de très bonnes choses.

Pareil pour Le Havre. Je n’étais pas sous contrat et j’avais dans un coin de ma tête de revenir un jour là-bas peut-être, pour boucler la boucle et finir là où tout à commencer.

Finalement, je suis très content d’être revenu au Havre. C’était un cadre qui me convenait parfaitement et descendre de deux niveaux avec Rudy, le président, qui est un très bon ami, a rendu les choses encore plus agréables.

Malheureusement, on n’a pas pu faire remonter le club comme on en avait envie mais je suis quand même très content d’avoir pu jouer ici pour finir.

C’était un bel aboutissement !

 

C’est compréhensible ! Comment ça s’est passé pour toi ? Revenir après toutes ces années, qui plus est, avec un statut complètement différent !

Effectivement, je suis revenu avec un tout autre statut que j’avais à l’époque.

C’étaient mes premières années pros et je n’étais pas encore tout à fait au niveau. Puis même mentalement, je pense que je n’étais pas prêt à franchir un cap.

C’est aujourd’hui avec le recul et puis les années d’expérience que je comprends que je n’étais pas du tout prêt à me lancer dans le monde professionnel. Même si j’en avais très envie, je ne faisais pas tout ce qu’il fallait pour être vraiment dedans et tu vois, en revenant ici après avoir vécu tout ce que j’ai vécu au haut niveau, je me rends compte du chemin parcouru et des attentes qu’il y a pu y avoir envers moi.

Et en écartant cette année qui a été vraiment dure physiquement, je pense avoir répondu présent. Bien sûr qu’on peut toujours faire plus mais je n’ai jamais triché et j’ai donné une tout ce que je pouvais.

 

Et est-ce que tu te souviens justement de ce qui a été le déclic pour toi pour te lancer dans le monde professionnel ?

Le vrai déclic, c’est l’été où je bascule du Havre à Cholet qui est champion de France.

Cet été-là, j’étais parti en stage à Los Angeles avec un préparateur physique français et c’est vraiment à ce moment-là que j’ai pris conscience de ce que je devais faire pour accéder au haut niveau.

C’est lui qui m’a fait prendre conscience de beaucoup de choses et c’est à cet instant que j’ai commencé à travailler en dehors des entraînements collectifs. J’en faisais bien sûr avant mais là, j’ai vraiment passé un cap aussi bien dans la manière de travailler que mentalement.

De toute façon, tu te rends très vite compte de la différence d’objectifs mais aussi d’attentes envers les joueurs quand tu changes de club, surtout dans ce cas là où j’allais chez le champion en titre. Donc j’ai très vite pris conscience que je devais améliorer mon éthique de travail et ça a été très bénéfique puisque ça m’a suivi tout le reste de ma carrière.

 

Tu évoques l’expérience chez un champion en titre mais quelle était ta plus belle expérience en tant que joueur professionnel ?

La SIG, c’est ce que j’ai connu de mieux aussi bien sportivement qu’humainement. C’est les plus belles années que j’ai vécues sur et en dehors du terrain parce que nous étions juste une bande de potes, aussi bien les joueurs français que les joueurs étrangers.

Tout le monde s’entendait très bien.

C’est vraiment celle que je classe tout en haut de ma carrière !

 

Et cette cohésion justement, est-ce que tu dirais que c’est une condition importante dans l’accomplissement d’un projet sportif ?

Oui c’est super important ! J’ai aussi connu d’autres années où c’étaient les Français d’un côté et puis les joueurs étrangers de l’autre et ça a toujours beaucoup moins fonctionné.

Cela étant, tu as toujours des exceptions. Ces groupes-là peuvent réussir en se donnant pendant les play-offs mais ça reste quand même assez rare.

Et tu vois, même à la SIG où nous avions un super groupe, nous avons perdu en finale… donc il n’y a pas de vérité absolue.

Mais pour moi, cette cohésion est hyper importante car sans ça, tu n’es pas prêt à faire les efforts pour les autres. Cette année, par exemple, peut-être qu’il nous a manqué un peu de cette cohésion pour réussir à monter.

 

Tu reviens sur cette dernière saison, l’occasion d’aborder un des thèmes propres à notre rubrique overtime.

Quand est-ce que tu as commencé à penser à ton après-carrière ?

Ben tu vois, à l’époque où je suis à Limoges quand je me blesse et que je me fais opérer du genou, j’avais commencé à y réfléchir avec le SNB justement.

J’avais fait un bilan de compétences à distance et du coup, c’est vraiment là que j’ai commencé un petit peu à penser à l’après carrière.

Mais tu te rends compte que ce n’est pas simple de trouver une chose qui va te donner envie de te lever tous les jours pour aller travailler (rires).

J’en suis toujours revenu au même point, le basket c’est ce qui me motive tous les jours depuis 20 ans et je n’avais aucune envie d’en sortir.

Quand je suis revenu au Havre, le président m’a parlé de l’opportunité d’être assistant sur l’équipe de NM1 et j’ai accepté assez facilement. Pour être honnête, ce n’est peut-être pas ce que j’aurai pensé faire tout de suite en sortie de carrière mais, comme on dit, la vie est faite d’opportunités et je me suis dit que c’était le bon moment pour saisir celle-là.

Du coup, je me lance là-dedans cette année et je sais déjà que ça va être chargé parce que j’ai beaucoup à apprendre mais je vais faire les efforts et me donner à fond pour y arriver !

Et je commence dès ce lundi donc j’ai hâte de participer à ce premier rassemblement pour pouvoir me faire une première idée.

 

Tu n’as pas le temps de souffler au final ! (Rires)

Rester dans le basket c’était donc une évidence pour toi ?

Oui, j’ai toujours su que je voulais rester dans ce milieu. Pour tout te dire, j’ai même refait un bilan de compétences la saison dernière pour le même résultat.

Même si aujourd’hui je ne suis pas persuadé d’avoir l’ambition de passer coach principal un jour, je suis content de m’orienter vers un poste d’assistant.

Les postes de directeurs sportifs ou GM m’intéressaient fortement aussi mais ce sera peut-être pour plus tard.

Je crois qu’aujourd’hui, j’ai vraiment envie de transmettre aux autres tout ce que j’ai pu emmagasiner durant ma carrière, que ce soit aux jeunes joueurs ou aux joueurs déjà en activité.

 

J’imagine que c’est un rôle que tu as tenu dans ces dernières années, celui de transmettre aux plus jeunes joueurs, notamment au Havre.

C’est sûr ! Après je ne vais pas te mentir, je n’ai pas forcément toujours été le meilleur en termes de communication, ni le plus adapté pour transmettre au sein des équipes dans lesquelles j’ai joué. Mais j’ai toujours essayé d’être dans cette dynamique-là, de partager ce que j’avais vécu année après année.

Ce n’était pas inné chez moi mais j’ai essayé de travailler ça du mieux que je pouvais au Havre. Je me suis rendu compte que ce n’était pas simple mais comme je te le disais, j’ai conscience du fait qu’il me reste beaucoup à apprendre et je suis très motivé pour le faire !

Je pense que ça ne sert à rien de se mentir à soi-même en tant qu’homme comme en tant que joueur. Nous avons des points faibles, charge à nous d’en avoir conscience et de travailler dessus ou non.

 

Et être assistant-coach au Havre c’est quelque chose qui faisait partie de ton projet en revenant dans ton club formateur ?

C’est vraiment depuis la saison dernière que le projet de reconversion est rentré dans la discussion. Ce n’était vraiment pas prévu à la base mais c’est venu sur la table assez naturellement pour finalement aboutir cette saison sur une proposition de poste.

 

Et comment ont réagi tes proches lorsque tu leur as annoncé ?

Je n’en ai pas parlé à mes proches tout de suite, j’ai quand même attendu que le projet soit certain pour le faire.

Mais ils ont évidemment très bien réagi. Mes parents étaient très contents pour moi comme mes proches ou mes amis encore joueurs !

Tout ça n’a fait que conforter le fait que je prenais la bonne décision. Je me suis senti soutenu et j’en suis vraiment très heureux.

 

D’ailleurs, est-ce que la reconversion est un sujet que vous abordez facilement dans un vestiaire ?

Je ne pense pas que cela soit tabou. Ce sont des discussions que j’avais déjà avec des coéquipiers même à l’époque où je jouais en Pro A.

Forcément, tu en parles plus quand dans le vestiaire il y a des anciens qui peuvent en parler mais même quand tu es jeune, tu te poses la question de ce que les plus âgés de l’équipe vont faire. C’est drôle de me dire qu’aujourd’hui c’est moi qui suis à cette place (rires).

Mais la roue tourne et maintenant c’est à nous de penser à l’après.

Je pense que dans tous les cas, même si ce n’est abordé que superficiellement, on y pense tous un peu à un moment ou un autre.

 

Au SNB, c’est effectivement un sujet important que nous abordons avec les jeunes joueurs et nous constatons souvent qu’il est compliqué de les attirer sur la formation et la reconversion…

Selon moi, c’est même à partir des centres de formation qu’il faudrait y penser.

Une grosse blessure, un ligament croisé… tu n’es jamais préparé à ça et derrière ta carrière elle est foutue.

Que tu sois jeune ou moins jeune, le résultat est toujours le même et je pense que les joueurs doivent se préparer au maximum pour ne pas se retrouver démuni lorsque ça arrive.

Et évidemment que les joueurs déjà passés par là doivent faire part de leur expérience pour les aider à se préparer.

 

J’espère qu’ils t’entendront ! (Rires)

Pour finir, on parlait des jeunes joueurs, est-ce que tu aurais quelque chose à leur transmettre ? Peut-être des conseils que tu aurais aimé avoir au début de ta carrière ?

Si tu comptes devenir professionnel, je pense que le plus important c’est vraiment d’avoir une routine, sur et en dehors du terrain.

Ça peut être avant l’entrainement, du shoot ou en encore en déplacement, sur de la récupération.

Il ne faut rien négliger parce qu’avec les années, on se rend bien compte que tout est hyper important, notamment la préparation physique.

Quand on sort d’espoir, on n’est pas forcément prêt au rythme d’une vie de professionnel, d’autant plus que les joueurs déjà en place ne te font aucun cadeau. (Rires)

Il ne faut pas s’y tromper, tous les jeunes joueurs qui réussissent aujourd’hui fournissent un travail à côté qui est colossal, il ne faut surtout pas penser le contraire.

D’autant plus que vous n’avez aucune excuse, dans tous les clubs, on a des préparateurs physiques et ça n’a pas toujours été le cas !

 Je me rappelle quand je suis arrivé au Havre, c’est notre kiné qui nous faisait la préparation physique ! (Rires)

Et même s’il s’y connaissait, ça reste différent d’une personne dont c’est le métier.

Il faut aussi être prêt mentalement.

Il y a énormément de coups durs dans une carrière, on peut être moins performants, se blesser ou encore avoir une mauvaise relation avec un staff mais ce n’est en aucun cas une raison pour lâcher.

Je pense que le plus important, c’est de se faire confiance et de s’écouter, sinon on se retrouve à se faire dépasser par les autres.

Au début de ma carrière, je me mettais énormément la pression et je pense que ça m’a un peu desservi. J’étais le jeune qui avait tout à prouver et je n’avais pas besoin de cette charge supplémentaire.

Maintenant, il faut vraiment se blinder, surtout les jeunes et je pense que la démocratisation des réseaux sociaux n’aide clairement pas en ce sens… Aujourd’hui, ils peuvent se faire insulter à longueur de journées par des gens qui se croient tout permis derrière un écran.

Tout ça n’a rien à voir avec le terrain, n’y accordez pas trop d’importance et concentrez-vous sur ce que vous devez faire pour atteindre votre objectif.

Je pense qu’une bonne évolution pour les clubs serait d’engager ou de plus travailler avec des préparateurs mentaux/ psychologues pour pouvoir développer cette partie avec les joueurs et même les coachs d’ailleurs, pour qui ça ne doit pas toujours être facile.

Je pense que c’est un vrai axe de travail pour les structures dans leur souhait d’aller plus loin dans la professionnalisation.

 

Nous sommes bien d’accord ! La préparation mentale est un vrai axe de travail pour tous les acteurs du sport et surtout les sportifs.

Tu me parlais des réseaux sociaux, tu as connu leur explosion. J’aurais voulu savoir ce que tu en penses.

On connait malheureusement tout ça. Recevoir des messages d’insultes ou des messages pour te rabaisser, c’est un peu notre quotidien.

Dans des périodes de moins bien, certains m’ont particulièrement touché et je sais qu’on est tous pareil à ce niveau-là.

Avec les années j’ai arrêté d’y prêter attention et je ne regarde même plus les commentaires et les messages. Puis, je suis quand même persuadé que, quoi que les gens disent, ce n’est pas ça qui va faire de toi un bon ou un mauvais joueur.

Après je pense que c’est très important d’en parler car cela ne va faire qu’empirer, quand je vois un jeune comme Wembanyama qui doit recevoir des tonnes de commentaires négatifs à chaque contre-performance… alors qu’on devrait le mettre en avant tout le temps !

Et puis, il y a tout ceux qui ne sont pas contents parce qu’ils ont perdu un pari aussi (Rires)

Tout ça pour dire qu’il faut en avoir conscience et surtout se préparer au mieux à tout ça.

 

Merci pour ce beau témoignage, notamment sur ce thème d’une importance capitale.

Nous souhaitions également de féliciter pour ta belle carrière et te souhaiter le meilleur dans ta future carrière de coach-assistant !

📸 STB Le Havre

CONTACTS
UTILES

Julie Campassens

j.campassens@snbasket.com
06 60 86 12 23

Arthur Daroux

a.daroux@snbasket.com
06 59 17 98 26

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