/OVERTIME/ XAVIER GAILLOU PREND SA RETRAITE DE BASKETTEUR PROFESSIONNEL!

16 août 2022
retraite Xavier Gaillou2

Salut Xavier !

Tu as récemment décidé de mettre un terme à ta carrière professionnelle.

Comment te sens-tu ? Peux-tu nous en dire plus sur ce qui a motivé ton choix ?

Salut Arthur !

Je me sens bien et plutôt serein par rapport à tout ça.

En premier lieu, j’ai pris cette décision pour des raisons familiales. Il faut dire que je n’avais pas prévu d’arrêter ma carrière de basketteur professionnel aussi jeune. Oui, je me considère encore comme jeune (rires) !

Blague à part, les gens ne se rendent pas forcément compte mais quand on bouge tout le temps, il y a souvent une famille derrière nous qui doit suivre et qui fait des sacrifices. Pour ma part, j’ai eu le sentiment qu’il était l’heure pour moi de leur rendre la pareille et de nous stabiliser à un endroit.

Cette décision est donc beaucoup plus facile à accepter car je sais que je le fais pour ma famille. Ça m’aide à l’aborder avec sérénité.

 

C’était donc une décision mûrement réfléchie après une carrière bien remplie. Est-ce qu’il y a une saison en particulier qui te restera en mémoire ?

La première chose, c’est que j’ai eu la chance de connaitre pas mal de succès collectifs.

Du coup, j’ai beaucoup de mal à choisir un moment en particulier. Chacune des saisons auxquelles j’ai participé et qui se sont soldées par une montée sont uniques à mes yeux.

J’ai également eu la chance de toujours évoluer dans des supers groupes autant humainement que sportivement, ce qui rend un choix encore plus compliqué.

Attention, je trouve que c’est plutôt une très bonne chose ! Je suis conscient de la chance que j’ai d’avoir eu autant de succès durant ma carrière. C’est pour ça que je chéris tous ces moments et les garde avec moi.

J’estime que c’est ce qu’on retire de notre carrière, tous ces moments qu’on a pu partager. J’ai toujours essayé de vivre ma carrière de la même manière, privilégier l’équipe et ne pas me mettre en avant parce que dès le début, je savais que c’était cela qui nous ferait gagner des titres. Et cela a fonctionné puisque ce sont les souvenirs de ces titres que j’emmène avec moi aujourd’hui.

Des souvenirs à garder précieusement !

Une vie de sportif professionnel c’est aussi beaucoup de sacrifices notamment en termes d’organisation. Penses-tu néanmoins que tu vas finir par ressentir un manque ?

C’est sûr qu’il s’agit d’un gros chamboulement !

Je pense que les entrainements et la vie de groupe vont me manquer. Alors, je ne vais pas perdre ça complètement puisque je vais quand même continuer à jouer mais c’est vrai qu’il va falloir repenser ses journées et apprendre à vivre autrement.

Je dois bien avouer que s’il y a bien une chose qui ne va pas me manquer du tout, ce sont les longs déplacements… Les Saint-Vallier/ Quimper en bus couchette par exemple (rires) !

D’un autre côté, je pense que ces moments de partage en équipe vont me manquer un peu quand même.

Aujourd’hui, l’avenir est tout aussi excitant qu’effrayant !

D’un côté, il y a cette peur de l’inconnu car tu ne sais pas où tu mets les pieds et tu sors de ta zone de confort. De l’autre, c’est excitant car tu t’apprêtes à découvrir quelque chose de nouveau et à commencer un nouveau chapitre de ta vie.

Mais même si je suis conscient de tous ces changements à venir, je me dis que c’est excitant de sortir de cette routine qui est la mienne depuis une quinzaine d’années.

Beaucoup de changements mais aussi de nouveaux challenges à venir.

Justement parlons de la suite. Quel sera le nouveau chapitre de ta vie professionnelle ?

Pour l’instant, je n’ai pas un plan totalement établi.

J’ai tout d’abord la volonté de reprendre mes études mais je n’ai pas encore d’objectif final.

Aujourd’hui, je n’ai pas un métier particulier en tête mais ma démarche ça a été de me dire « quelles sont les qualités que j’ai développées durant ma carrière et qui pourraient m’être utiles pour plus tard ? »

C’est donc pour cela que j’entame à la rentrée des études dans le management (EMME à l’EM Lyon). J’ai l’impression que c’est quelque chose que j’ai cultivé tout le long de ma carrière de basketteur et que c’est une compétence qui est transposable dans la vie active et notamment dans le monde de l’entreprise.

Il s’agit d’un monde que je ne connais encore que très peu mais je compte justement sur mes études pour m’aider à y voir plus clair et également m’orienter vers un domaine particulier.

Donc j’ai le projet dans sa globalité mais je vais avancer un peu à tâtons, surtout au début.

Le but étant de trouver un nouveau sujet qui me plaît et me passionne.

Tu as donc plus qu’entamé ta réflexion vers ta reconversion.

Est-ce que c’est quelque chose que tu avais commencé durant ta carrière ? Peut-être via une formation ?

Pas vraiment. J’avais déjà voulu le faire lors de ma période d’inactivité de 2 ans suite à une blessure. Malheureusement, les démarches n’avaient pas abouti à ce moment-là car j’étais à l’époque en arrêt de travail et je n’avais donc pas réussi à trouver un financement du fait de mon statut. J’avais donc pris la décision de reporter mon projet de formation.

J’ai également décidé de ne pas me former durant mes dernières années de ProB car le rythme me semblait un peu trop élevé, entre le basket et ma famille, pour pleinement me lancer dans mon projet d’études.

Toutefois, j’ai toujours su que le jour où j’arrêterais de jouer professionnellement et que je pourrais organiser mes journées plus librement, je me pencherais sur le sujet.

Cette période de transition, où je vais continuer à jouer à un rythme moins élevé correspond donc parfaitement à mon envie de commencer ma formation.

L’objectif étant de jouer encore quelques années en semi-professionnel pour faire coïncider la fin de ma pratique du basket-ball avec la fin de mes études, pour ensuite pouvoir me lancer pleinement dans la vie active.

J’aimerais revenir sur quelque chose que tu as dit précédemment. Tu disais qu’un basketteur professionnel développe des compétences durant sa carrière qu’il pourra réutiliser plus tard. Est-ce que tu pourrais développer ce point ?

Oui, j’en suis persuadé effectivement.

Dans mon cas, j’ai eu la chance d’avoir ce rôle de capitaine ou en tout cas de relais entre les coachs et le groupe. C’est quelque chose que j’ai appris à faire et qui est devenu naturel pour moi. Je ne l’ai pas été dès le début de ma carrière. C’est un coéquipier, Simon Darnauzan, qui m’a inculqué ça, comment être un meneur d’hommes, être un leader.

C’est donc quelque chose que j’ai cultivé tout au long de ma carrière.

Gérer des personnes et leurs égos, savoir comment parler à tel ou tel joueur, gérer un groupe, fédérer les gens avec qui je travaille, c’est quelque chose que j’aime faire et avec le recul, je me dis que ce sont des compétences que j’aimerais transposer dans mon après-carrière. Je suis conscient qu’il ne s’agit pas du même métier mais pour moi, ça s’en rapproche.

En ayant une vison plus globale, j’ai quand même l’impression qu’en tant que sportif professionnel, on développe des compétences qu’on ne retrouverait pas forcément chez quelqu’un qui travaillerait en entreprise et n’aurait pas connu ce genre de parcours.

Je pense qu’on acquiert une certaine résilience, le goût de l’effort mais aussi un mental très résistant. On a l’habitude de passer par des moments très beaux mais aussi beaucoup de moments compliqués comme les défaites ou les blessures, par exemple, et j’ai l’impression qu’on doit vraiment s’en servir.

Aujourd’hui, toutes ces compétences sont vraiment valorisées dans le monde du travail.

Les entreprises commencent à prendre conscience des qualités qu’on a pu développer lors de notre carrière et elles y voient un intérêt.

Il est important qu’on puisse cultiver ces compétences là pour pouvoir les appliquer dans notre projet d’après carrière. Pour moi, c’est le management mais ça peut être différent pour chaque joueur.

La question la plus importante que l’on doit se poser lorsque que l’on commence à penser à notre reconversion c’est « Qu’est-ce que je peux amener en plus ? Qu’est-ce que j’ai appris qui pourrait être une plus-value pour moi et pour les gens avec qui je vais travailler ? ».

Ce sont en effet des questions cruciales à se poser dans son processus de reconversion.

Pour finir, aurais-tu un conseil à donner à un joueur commencerait à penser à tout ça?

Tout d’abord, je conseillerais aux jeunes joueurs qui s’apprêtent à faire la bascule entre les espoirs et le monde professionnel de ne jamais arrêter les études. Avec le recul ça fait partie des choses que j’aurais dû faire. Ça m’aurait par exemple évité de repartir sur les bancs de l’école 15 ans plus tard (rires).

Je comprends tout à fait qu’au début d’une carrière la motivation soit tout autre, on poursuit un objectif sportif et on a envie de s’y plonger pleinement. Ça a d’ailleurs été mon cas après l’obtention de mon Bac.

Mais, je pense que pour ceux qui peuvent le faire, c’est vraiment intéressant de pouvoir continuer à se former après le lycée.

Pour ce qui est d’un joueur plus âgé, je ne sais pas si j’aurais vraiment un conseil.

Je pense que la plus grosse difficulté est de retrouver quelque chose qui va nous faire nous lever le matin et nous faire ressentir la même passion que l’on a pu avoir pour le basket.

Qu’on ne se lève pas le matin en trainant les pieds et en y voyant qu’une obligation.

Pour moi, c’est la chose la plus importante pour avoir la meilleure des transitions possibles.

Si on décide d’arrêter, sans avoir prévu l’après et sans objectifs en tête, ça peut être un moment très compliqué. J’ai malheureusement l’exemple de joueurs qui n’avaient pas pensé à tout ça et qui aujourd’hui sont en galère.

Ils sont sur le fait accompli et rencontrent des difficultés à faire rentrer de l’argent.

Bien sûr qu’en tant que joueur, on gagne notre vie confortablement mais on ne peut pas non plus se dire « C’est bon, je n’ai plus besoin de travailler ! ». Nécessairement, on doit pouvoir s’assurer des rentrées d’argent, un revenu, et pour cela il faut penser à son après-carrière.

Donc il faut anticiper tout cela en amont. Je pense que plus la réflexion est longue et faite rapidement, plus on a de chance de ne pas se tromper au moment de faire notre choix et donc de trouver quelque chose qui nous passionne.

J’espère que tes mots seront trouver écho auprès des joueurs !

Xavier, je te remercie pour cet échange et le temps que tu nous as accordé.

Nous te souhaitons beaucoup de réussite pour ton projet de formation.

A bientôt sur et en dehors des terrains !

CONTACTS
UTILES

Julie Campassens

j.campassens@snbasket.com
06 60 86 12 23

Arthur Daroux

a.daroux@snbasket.com
06 59 17 98 26

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